L'énonciation comme un "phénomène d'estimation"

Résumé

Cet article examine les effets de l'énonciation sur les modes d'existence sémiotique en mettant en évidence les appréciations de contenu élaborées par les sujets (énonciatifs et énoncifs) et les accents qui rendent chaque mode plus ou moins impactant, en fonction de l'implication affective des acteurs concernés. Ce coefficient d'intensité affecte les quatre modes (réalisation, potentialisation, virtualisation et actualisation) et finit par définir, selon nous, le calcul énonciatif présent dans tout discours et que Greimas appelait « estimation » au début des années 1970. L'article combine l'estimation (appréciative) avec l'accentuation (affective) promue par la sémiotique actuelle, qui a comme ressource analytique les augmentations plus et moins, ainsi que leurs combinaisons suggestives, toutes ces notions proposées par le modèle sémiotique de Claude Zilberberg. Précisément parce qu'elle produit dans le même acte énonciatif les quatre modes d'existence, l'énonciation génère entre eux une énorme mobilité des liens actantiels vécus dans la réalisation, car elle possède la mémoire et l’espérance comme dispositifs qui maintiennent ces contenus — surtout ceux qui sont accentués — en circulation continue.